Cabrerets

26 Septembre 2011 


fin d'après-midi


L'attelage reprend la route. Quelques petits kilomètres et Cabrerets se profile.
Sur la gauche, amarré à un socle de roche, la tour ronde et massive du château jouxtant un corps de logis imposant aux fenêtres renaissances, garde l'entrée du village.
Nous faisons halte et ouvrons grand la porte de Pucky Pooka.
Le torchon à vaisselle, suspendu à la porte, rappel de ce quotidien familier et ménager que nous emportons avec nous comme une image rassurante de la maison, se balance doucement...
Sous le château, à notre droite, le Célé est en basses eaux en cette fin d'été sec.
Un homme du Nord, Allemand ou Néerlandais, bronzé et en sandales remontent de la berge et nous salue d'un signe de tête.
La balade à pied sur le chemin à flanc de la colline de Bouziès, puis la descente en plein soleil de l'après-midi nous ont donné chaud.
Luc décide d'aller se rafraîchir dans  les eaux calmes, à fleurs de galets, près du moulin.
 
Sans plus de cérémonie, il ôte sa chemise et jette sur son épaule nue la serviette de toilette, jaune d'or, emportée dans la petite armoire de notre cocon...


Je l'attends en contemplant la muraille de pierres restaurée du moulin, le bief, le courant qui s'engouffre sous la masse de la bâtisse.
Quelques minutes après, Luc revient, les cheveux encore humides et sur lui cette odeur si particulière qu'ont les eaux des rivières, d'herbe et de sable mêlés. 
 Ensemble, nous faisons ensuite le tour du moulin, puis revenons sur la route, où un camion citerne blanc, sous la proue de pierre du château, charge la farine .

Nous enfilons la ruelle sur la gauche, qui grimpe le long du château.
Des cyclamens sauvages poussent en touffes serrées, rose pâle, sur l'herbe du talus, comme un premier printemps.L'air est doux et léger en cette fin septembre.
En contrebas, se décalquant sur le maillage de calcaire blanc de la colline, sous sa casquette de tuiles plates, roses et brunes, retombant en large flancs évasés et protecteurs sur des murs invisibles, s'ouvre la voûte du portail d'une ancienne étable.
Elle a cette humilité forte et simple, ces proportions sans failles, faites d'expériences, de temps et de sens.


La ruelle s'incurve, franchit l'ogive d'une porte qui fut l'entrée gardée du village, s'ouvre vers un horizon bleu, puis, sous la falaise abrupte et blanche, elle se met à suivre, de haut, le cours de la rivière et de la grande route.
La ruelle semble déserte, mais d'étranges créatures la peuplent....
.

"C’est un endroit qui ressemble à la Louisiane
A l’Italie....
Il y a du linge étendu sur la terrasse
Et c’est joli....
On dirait le Sud
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d'un million d'années....
Et toujours en été
(Nino Ferrer - Le Sud)
L'après-midi glisse vers le soir, le soleil perd de sa force.
Les enfants des écoles crient et jouent sur la place, pendant que d'autres, attendent les bus et que des groupes de mères bavardent en riant.

Nous revenons vers Pucky Pooka, et reconnaissons au passage, face à l'embranchement vers le musée de Plein air de Cuzals, le restaurant où nous avions dîné, sur une terrasse au-dessus de la rivière, lors de notre arrivée dans le Lot, en 1991, vingt ans plus tôt....
En un instant, nous reviennent en vrac les images : notre fille et ses douze années, l'inconnue de son entrée en quatrième, notre petit chien tout en poil et bonne bouille, venu dans l'avion avec nous depuis La Réunion, notre émerveillement devant ce "pays" de causse et de soleil, d'arbres et de pierres...

Avant de démarrer, nous vérifions une dernière fois les fermetures des placards, celle du toit.
Et nous partons en quête d'un endroit calme et solitaire pour notre soirée et notre nuit.



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