Marcilhac-sur-Célé

27 Septembre 2011

Au lever du jour

Le soleil est revenu : Pucky Pooka, et tout le sommet du Pech, sont dans sa large main ouverte. 
Nous avions seulement tiré les rideaux de tissus couleur de grande molène "bouillon blanc" et la corolle de toile orange du "champignon" inonde la caravane d'une lumière chaude.
Mais il fait frais. Et si l'intérieur est au sec, la tôle claire est trempée de rosée.
 
Luc est déjà levé depuis un bon moment et cavale sur les sentiers alentours ; je somnole douillettement jusqu'à son retour.



Le soleil fait piailler, tire-lirer, piauler et siffler allègrement des poignées d'oiseaux tout autour du campement.
Et il est temps pour moi de m'extraire des plumes tièdes de mon nid.


Me croyant seule humaine à vingt lieues à la ronde, je gicle de mon abri comme un nouveau-né sort du ventre maternel, et dans la même tenue ! 


Tout à l'éblouissement de ce matin éclatant, je me mets alors à braire comme un jeune chevreuil idiot, en m'aspergeant d'eau glacée, pour une toilette matinale rapide... et bruyante !
Ce sont les oiseaux qui ont été étonnés ce matin-là !



Le lit remis en position banquette, le café chaud bu et les tartines avalées, la vaisselle rangée, les affaires arrimées et le champignon baissé, nous reprenons le chemin en sens inverse jusque dans la vallée.

De là, nous poursuivons notre remontée de la rivière Célé, sur la route des Grandes Abbayes, et de la Via Podiensis du Pèlerinage de St Jacques-de-Compostelle, dont Marcilhac-sur-Célé, notre prochaine escale, fut, et reste une étape importante.


Nous quittons la départementale pour nous rapprocher encore de la rivière et entrer dans Marcilhac par le Moulin, toujours en fonction, sur les berges du Célé.

La rue tourne à angle droit vers la gauche, et nous venons nous garer le long des murs de la veille ville.
En jaune : la balade à pied

Nous passons le mur écroulé de l'ancienne enceinte de l'Abbaye bénédictine fortifiée, avec sa haute tout carrée, et qui fut d'abord Carolingienne, avant d'être Romane puis Gothique.

A l'abri des murs, fut bâti tout un quartier. La "Maison du Roy", blanche et ocre de ses pierres en rez-de-chaussée, puis rousse et brune à l'étage, de par ses briques et colombages, fut construite au XVIème siècle pour servir de gîte aux Pèlerins avant de devenir le siège de l'Office de Tourisme.

La Maison du Roy (à droite)
Gravure (source : Quercy Tourisme)

Nous partons à la découverte des vieilles pierres, arcatures, venelles et jardinets. 
 
Le soleil jette de timides pincées d'or pâle au sommet de la très haute tour carrée de la "fille de Moissac" ainsi que l'on nomma l'Abbaye dès 960, mais dans l'ombre des hautes frondaisons des voûtes qui soutenaient les travées... nous grelottons !





Abbaye St Pierre - entrée de la Salle capitulaire romane (XIIème) 
Chapiteau - détail
Nous cherchons longuement le tympan roman de l'abbaye, le plus ancien tympan historié de France, avec celui d'Arles sur Tech, et faisons ainsi plusieurs fois le tour des ruines, dans l'air glacial et sous un ciel que le soleil n'a pas encore atteint et qui colore de gris bleuté le calcaire des murs et des voutes, avant de nous rendre compte que nous sommes passés plusieurs fois devant, et même dessous ! 
Le tympan roman de l'abbaye de Marcilhac-sur-Célé (à noter : l'absence de clé de voûte)

Après avoir retraversé les vestiges de l'église, et longé les allées bordées de Balsamines (Impatiens balfourii) aux fluettes fleurs roses et mauves de la salle capitulaire, nous nous dirigeons vers les berges voisines du Célé qui s'enlise dans des sables d'un été trop sec, au pied d'une falaise bleue abrupte et protectrice, où les premiers habitants trouvèrent refuge dans quelque grotte et abri sous roche, et empruntons le "Chemin de la Portanelle".
Les murs d'enceinte ont, ici encore, été repris en vastes et hautes demeures, parfois surmontées d'une galerie couverte, et mettant à l'abri des crues leurs occupants grâce à des murs de pierre épais et avares en ouverture
Une belle calade longe la berge. 
Un engin jaune s'active au loin, à désensabler le bief du moulin.



Tout doux, pattes de velours, un chat noir matinal prend le soleil et vient nous saluer.


Puis la calade s'engouffre sous la "Portanelle" : une voûte qui traverse, telle un tunnel, toute la largeur d'une maison, et où une affichette attire notre attention.... Les Marcilhacois, malgré leur mauvaise humeur bien compréhensible, ont su garder le sens de l'humour !




Ce passage nous conduit à l’arrière de l'église, tout hérissé de contreforts.
La ruelle est déserte à cette heure-ci, mais l'on devine que les habitants des maisons qui la bordent viennent y prendre le frais, les soirs d'été lorsque le soleil descend dru du ciel et chauffe à blanc la falaise et les pierres des murs tandis que stridulent les hirondelles zigzagant au-dessus de la rivière, entre rochers et murailles.




Les venelles bouclent la balade et nous débouchons sur la place du village près d'une maison accolée à une impressionnante tour ronde, telle une proue ou un mât, toute illuminée de soleil.




La place est une belle allée de terre battue et corbeilles de fleurs, sous des platanes aux troncs à peau d'éléphant et larges feuilles encore bien vertes, qui prend naissance près de la rivière et remonte vers la rue principale.


La place de Marcilhac-sur-Célé
Toilettes bucoliques
Ancienne Pompe à eau publique
Vers la berge de la rivière Célé
Au bord de l'eau
Nous lézardons un peu entre les platanes puis faisons quelques emplettes à la petite épicerie de la Place, pour notre repas de midi, avant de traverser la rue principale et nous égayer dans Marcilhac le Haut.
 .
Les ruelles fleuries, bordées de maisons anciennes aux toits pentues, s'élèvent vite au-dessus du bourg.

Des conversations fusent des fenêtres que ce mois de septembre très doux laisse ouvertes... Des voix d'adultes où se mêlent celle des enfants, car c'est jour de grève dans les écoles de France....
Des venelles qui croulent sous les clématites, où herbes et plantes poussent pêle mêle, à pleines brassées, et se glissent sous des passerelles anciennes qui permettaient de passer, autrefois, tranquillement, de la maison au jardin, d'un mur à l'autre...



Lentement, dans le soleil, nous redescendons vers la place et l'abbaye... 
En approchant de la rue principale, les demeures se font cossues, bourgeoises, les murs de pierre se percent de nombreuses fenêtres aux persiennes bleu pâle, en rang sages et classiques.
Puis, un grand mur et sa poivrière d'angle, au toiton en gloriette... couronné de lilas d'Espagne encore roses.

Nous voici revenu au point de départ. Nous déposons nos courses dans le Kangoogris et allons jusqu'au moulin dont les meules tournent à plein régime et allons acheter une miche de pain qui fleure bon, à la boulangerie, juste en face, et nous levons le camp.

A suivre

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