Des portes des Gorges à l'ermitage d'Enimie

13 septembre 2011


La porte occidentale des Gorges ouvrent en grand ses deux battants.


A gauche, sur le flanc du Sauveterre, siège l'imposant château des seigneurs de Mostuéjouls, bâti là, en contre des Anduze-Roquefeuil de Peyrelade et de Caylus, récemment ripoliné d'un blanc de craie, sa longue façade rythmée de contrevents d'un bleu de ciel pâle et ses deux tours carrées, en symétrie. Enchevêtrées sous les ailes du château, tout en ruelles étroites et tortueuses les maisons du village descendent en calades.


A droite, et face au château, nichée sous la corniche du Causse Méjean, là où le Tarn, encore jeune roule une eau verte presque transparente, la petite chapelle romane et son mur clocher, de Notre-Dame des Champs.



Après le village du Rozier, les falaises se rapprochent, la vallée se creuse avec plus rudesse. La corniche du Méjean est dans son ombre. 
Quelques balcons festonnent la route et permettent un arrêt pour contempler, stupéfaits, le mariage, l'empoignade de l'homme et de la nature. Ils se complètent et s'opposent. Et de l'improbable sont nés d'incroyables hameaux et châteaux, suspendus à la cime des arbres, sur la crête d'un pic rocheux, entre ciel et eau.

 Hameau de "La Sablière"

Sous le rocher du Cinglegros et le Sentier Goupillot, jaillit une source venue du Méjean : il n'en fallait pas plus aux hommes du temps d'autrefois, pour construire un hameau. Ainsi naquit La Sablière, sur un promontoire. On y vient en barque, ou accroché à un câble. 

La route se coule sous des rocs que les tourbillons d'un torrent antédiluvien ont creusés, heurtés, façonnés, pendant des millénaires, en voutes, surplombs et tunnels. 
Les ombres se jouent du soleil et les rayons se glissent entre troncs et rochers.

Là-haut, se confondant parfois avec les chaos de roches, des ruines d'anciens châteaux surveillent encore la rivière Tarn et l'écoulement des voitures et des barques.
Encore un câble. A l'autre bout, presque invisible, le hameau de La Croze, ogives et fenêtres à meneaux. Il vit naître en son sein et en d'autres temps le jeune Vernet qui devint Général d'Empire...
 
Nous passons les "détroits", puis le village de La Malène, ses bateliers et son manoir, tour ronde et tourelles au chapeau pointu, sur façade renaissance, qui faillit voir sa dernière heure le 28 septembre 1652 : Louis XIII venait d'ordonner de raser les forteresses du royaume déclarées comme rebelles.
Finalement, le roi autorisa Pierre de Montesquiou d'Artagnan à garder son château en remerciement de services rendus à la couronne.
Il est devenu depuis un hôtel.

Le Roc Trouquat (le rocher troué), enchaîne avec La Roque Longue, puis La Couronne, et la corniche s'envole plus haut encore. 
A ses pieds, trois étages : Hauterives. 
Il faut y aller en barque, ou à pied par un sentier depuis La Malène et là encore, seul un câble tendu au-dessus de la rivière permet de transporter les matériaux et lourdes charges


Des terrasses de pierres sèches escaladent la pente raide jusqu'aux vestiges du castel, ancien fief médiéval des comte de Rodez, ses hautes murailles encore droites, percées de mâchicoulis ou de trous de hourds, fiché sur une épaule de la montagne.

A peine plus bas, sous la protection du seigneur des lieux, des maisons de maître du village ancien. 


Au bord du miroir ridé de l'eau, le village redresse lentement ses murs, rebâtit ses toits de lauzes, ses voûtes et son four à pain, décroute ses façades et ses porches, remonte une cheminée, menuise une nouvelle porte.

Il est sauvé de l'abandon auquel il semblait promis il y a quelques années de cela.


Quelques passages étroits, des croisements inquiétants : est-ce Pucky Pooka ou le conducteur qui s'en tire comme un chef ?
Un oeil sur la route quasi déserte, un autre sur le cirque de Pougnadoires à notre gauche, nous laissons St Chély-du-Tarn et poursuivons d'une traite jusqu'à Sainte Enimie.

C'est une station d'épuration et un lotissement qui montent la garde à l'entrée du village où vint se retirer "au désert", Enimie, princesse mérovingienne, fille de Clotaire II, roi des Francs, et sœur de Dagobert, qui, fuyant ses prétendants, décida de terminer sa vie ici, en Gévaudan, dans une grotte, lieu de l'actuel ermitage.




Sous la chapelle, un pont enjambe le Tarn.


Quelques touristes et vacanciers à la traîne, ont garé leur voiture au parking au bord de l'eau, et se préparent à grimper dans les calades des ruelles et venelles étroites.



La chaleur devient intense dans le four des pavés et des murs chauffées par le soleil de midi.

Nous quittons le fond des Gorges et le village de la princesse mérovingienne pour rallier la ville de Mende.

A quelques pas de Sauveterre, le hameau, à la croisée du chemin de Grande Randonnée 44, sur un bout de terre pelée où poussent quelques chardons et un demi genévrier rabougris, nous sortons la table, dans l'ombre de Pucky Pooka, pour un déjeuner mérité.






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