La dune et la ville d'hiver

13 mars 2012 ~ Plage, dune du Pyla, Arcachon, huîtres et étang....


Le réveil se fait en douceur.
Quelques voitures sont venues "tourner" dans la nuit : étranges manèges et étranges noctambules, qui n'ont fait que passer...
Un jour clair dessine un lavis pâle au travers des hauts pins au tronc noir. Le froid de l'aube nous fait grelotter dès que nous pointons le nez de dessous la couette : nous dormons "champignon" toujours ouvert ce qui aère notre "chambre" et évite la condensation.!
Luc allume rapidement le réchaud à alcool dans sa casserole (voir la page "équipement")

En moins d'un quart d'heure, il fait très bon et nous émergeons de notre nid douillet.
Petit pipi dans les sous-bois mouillés entre les ajoncs piquants où s'accrochent les toiles en étoile détrempées de petites araignées invisibles pour l'heure : l'air sent l'océan, ce parfum si particulier, où se mêlent l'eau vive, les algues vertes et brunes, le sel, les coquillages et le sable, cette odeur puissante qui nous a accompagnés pendant les six années passées au bord de l'océan indien et que j'aime tant retrouver ! Et le ressac régulier qui respire et rythme le silence.
Lorsque je reviens dans notre cocon, il s'est empli de l'arôme réconfortant du café chaud.
Jus d'orange, tartines de confiture de figue de la maison....

Le petit déjeuner avalé, les choses de la nuit repliées, roulées, rangées, nous quittons le bivouac, trop à l'ombre à cette heure du matin, pour aller sur la plage la plus proche plus ensoleillée : la plage de la Lagune.
Pucky est garée sous un pin, non loin de la mer. 

Le soleil perce franchement mais il fait encore bien froid . Nous allons marcher sur la plage déserte. La lumière est laiteuse et les ombres de la nuit se retirent lentement découvrant un sable clair, presque blanc, à peine doré. 






Nous observons un moment les va-et-vient d'un petit chalut entre les bouées de son filet,  à quelques encablures. Quelques mouettes tournoient en surveillant son manège.

Le corps délié, réchauffé par cette balade rapide, nous repartons vers Arcachon, en nous promettons de revenir déjeuner ici si nous ne trouvons pas mieux.

Soudain, à gauche de la route, émergeant des pins noirs, au-dessus des campings fermés en cette saison, apparaît, claquant dans la pleine lumière, comme une voile blanche, le mur de sable clair de la Dune du Pyla,.

Le parking est vide hormis deux, trois voitures. Les oiseaux criaillent dans les pins.
Nous ôtons nos chaussures, et les pieds nus dans un sable glacé, nous entamons l’ascension.





 
 Au loin dans le mauve et le rose du matin, la pointe dorée et le phare du Cap Ferré.
 
Et les arabesques d'un beige à peine rosé, que les bancs d'Arguin et du Chien dessinent dans les bleus mouvants de la passe du bassin


L'air a la légèreté d'une mousseline pâle. 

Sous nos pieds la dune est vivante, immense baleine blanche, couchée et tranquillement puissante et fragile à la fois. Nous marchons sur son dos, sur sa peau épaisse de sable où nos pas laissent leur empreinte éphémère.


Nous resterons longtemps... Puis entamerons la lente descente, à regret, laissant cet univers étrange, presque lunaire, entre minéral et animal et reposons les pieds sur la terre ferme, dans les allées sages qui remontent du parking d'où arrivent par vagues maintenant les visiteurs de la Dune.

Arcachon : nous garons l'attelage dans une rue qui part de l'étoile de la place de Verdun et allons à pied, vers la "dune boisée" de la Ville d'Hiver et le Parc Mauresque, qui n'a de Mauresque que le souvenir de son ancien Casino dont l’architecte avait puisé son inspiration à la fois dans le Palais de l'Alhambra et  la mosquée de Cordoue, mais qui tomba rapidement en désuétude avant de tomber en ruine et finir définitivement dans les flammes d' un incendie  en 1977.
Depuis le parc, nous allons vers l'allée Faust, ses "folies" de la fin du 19ème siècle, toutes plus kitsch les unes que les autres. Ici, toutes les rues s'appellent "allées" et déambulent en serpentant dans la "dune boisée".

Surgissant des mimosas en fleur, des magnolias et de quelques palmiers dattiers, les tourelles pointues, toitons gothiques, bow-windows et belvédères, terrasses à colonnettes et varangues coloniales, poutrelles colorées et dentelles de lambrequin des premières villas apparaissent.

La villa Graigcrostan : En 1880, Laird Mac Gregor, un aristocrate écossais, habitué de la station qu'il fréquente pour des raisons de santé, possède déjà les villas Glenstrae et Hermosa (Soleil Levant), quand il décide d'acheter une dune sur laquelle il projette de faire construire une villa... a l'origine elle la villa était peinte de couleurs orange et pistache.


La villa Brémontier, qui ferme la perspective de l'allée Faust, est l'une des premières villas de la Compagnie des Chemins de Fer du Midi. Construite en 1863, elle est avec son grand parc (palmiers, negundos, chênes pédonculés, robiniers, cèdre, pin maritime, épicéa et marronnie) et ses bâtiments annexes, écurie et remise, le plus prestigieux « chalet de location », qui accueillit des personnes de haut rang comme Alexis de Rymsky-Korsakoff, maréchal de noblesse, en 1894...



La Villa Tolédo
"La Dame en dentelles"
Nous empruntons la passerelle Saint Paul, filins métalliques bleus suspendu au-dessus d'une allée entre la dune du Casino ou "dune St Paul" et la "dune Sainte Cécile" où pointe l'observatoire, à l’escalier de ferraille vertigineux et en colimaçon, branlant et résonnant sous chaque pas : ce sera le point ultime de cette visite de la Ville d'hiver.


 



En-dessous, la Ville d'Eté est en travaux de part en part. 
De tous côtés nous parviennent les grincements des grues, les coups de marteaux, les moteurs de bétonnières. On démolit, reconstruit, remonte, repeint...
Les rues sont défoncées à grands coups de marteaux-piqueurs, casse-roches et pelleteuses; que nécessite la mise en place et aux normes, de l'assainissement collectif.



Un petit tour en front de mer, entre les chantiers, les trous, les barrières et les rues barrées... et nous regagnons Pucky et Kangoo.
En passant devant les halles couvertes, nous faisons emplettes de deux douzaines d'huîtres, d'une baguette de pain, et en route vers la plage de la Lagune où nous décidons finalement de nous poser pour les déguster, sur le pouce, à l'ombre des pins avec un vin blanc frais du Pays de Gaillac (Tarn).






Pendant le pique-nique, un moineau curieux et téméraire viendra nous rendre une petite visite
 

La table débarrassée et rincée, le café coulé et bu, nous nous retirons dans la petite Pucky pour une bonne sieste !
Puis direction la plage de Biscarosse si vantée par nos "compatriotes" lotois. Kangoo et Pucky se rangent le long du boulevard du front de mer, nous grimpons la dune par les petits chemins aménagés et découvrons l'immensité !
Il fait chaud, mais le vent de la mer souffle à ras du sable. Quelques habitués locaux, déjà bruns comme du chocolat, bronzent derrière des pare-vent à l'abri des dunes, d'où émerge une "villa" solitaire.



 

Nous tenterons nous aussi le maillot de bain...pendant au moins.. un quart d'heure !

13 mars 2012 !



C'est au bord des eaux calmes du Lac Cazeaux et Sanguinet (un étang), au nord de Biscarosse, que nous prendrons le thé avec quelques biscuits ....



...avant d'aller, à pied dans l'après-midi finissant jusqu'à la cabane jaune plantée au loin, au bout d'un petit embarcadère de bois....






 
 De petites embarcations à voile sont sagement rangées. Quelques bricoleurs travaillent sur les coques ou les aménagements intérieurs et l'on entend de ci de là, s'égrener quelques coups de marteaux ou le son lancinant d'une scie électrique. Nous les saluons au passage.
Un gros bosquet de mimosas en fleur parfument notre chemin et apporte la touche jaune pâle que la cabane tout au bout reprend.
 Les derniers bateaux et enfin la cabane !


 



Le soir tombe lentement, et nous rebroussons chemin vers Pucky qui attend sous les pins. Nous irons de nouveau dormir à la Salie. Mais avant, un dernier tour dans la petite ville de Biscarosse et au crépuscule, un coucou nostalgique aux vieux coucous de Latécoère, à cette drôle de dame debout et en costume dans son Donnet-Lévêque de 1912, qui s'endort derrière les baies vitrées du musée de l'hydravion.

 Drôle de gros oiseaux cloués au sol
Hydravion Grumman G-44 Widgeon
 Réminiscence d'une épopée où ses engins aux allures d'albatros faisaient la fierté de Biscarosse...


Nous dormirons dans le silence de la nuit rythmée par le ressac, à l'abri de la grande dune de la plage de la Salie, car demain...
Demain sera un autre jour.
Ce sera le 14 mars.
Et j'aurai 61 ans !


A suivre....

Rendez-vous sur Hellocoton !

3 commentaires:

  1. Bien sympathique première journée complète :)
    C'est marrant c'est villas d'une autre époque...Surprenant!

    RépondreSupprimer
  2. Ces villas sont bien belles et pleines de charme je trouve !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @sironimo et @LadyMilonguera : oui ces villas sont surprenantes et pleines de charme, surtout quand on sait que la plupart étaient considérées comme des "chalets de montagne" et servaient de "sanatorium" pour les tuberculeux de l'époque : l'air marin, chargé des effluves de la résine des pins de la dune et de la forêt des Landes devant (aider à) soigner les malades. (plus d'infos sur les villas : http://www.arcachon-nostalgie.com/villas.htm )

      Supprimer